La préface de Françoise Rachmuhl aux textes des élèves



Fi des fées, des géants, des dragons et autres créatures extravagantes ! Au diable les sorcières ! Oubliés les vampires ! Cette année, aux Provinces, les CM2 de Mme Lepercq ont fait encore plus fort : ils ont escaladé l’Olympe, exploré l’empire des eaux, suivi les dieux, accompagné les déesses : bref, la mythologie grecque n’a plus de secrets pour eux. Avec beaucoup d’enthousiasme, dès la rentrée, ils ont lu quantité de livres, se sont livrés à des recherches sur Internet, ont préparé des exposés, ont illustré les histoires par des dessins et des peintures. Mais cela ne leur a pas suffi : puisqu’ils connaissaient les dieux, qu’ils savaient Zeus volage, Héra jalouse, Hermès voleur, Thétis serviable, etc.…, il leur fallait inventer d’autres aventures dans lesquelles les humains joueraient un rôle et conter les métamorphoses qu’ils devraient subir.

Par petits groupes de deux, les élèves ont mené leur récit, faisant alterner descriptions, dialogues et narration, intercalant parfois de courts poèmes.

Il y a de jolis passages poétiques, ainsi lorsque le jardinier, s’approchant d’Artémis métamorphosée en rose, se pique à l’une de ses épines : la sève de la plante se mêlant au sang du jeune homme permet à la déesse de reprendre son aspect de femme.

Parfois le récit a une tonalité tragique et se termine mal : l’alchimiste malhonnête devient Cerbère, « gardien féroce des Enfers », et Zeus est impuissant à rendre à celle qu’il aime, transformée en insecte, sa forme première.

Mais le plus souvent le ton est humoristique : Stella, qui est à présent mite, se venge en trouant les magnifiques vêtements d’Héra. Hermès, le messager des dieux, puni pour avoir caché la lyre d’Apollon, sera un pigeon voyageur : « Fâché, le dieu s’envola en roucoulant sur le mont Olympe. »

Quant à l’histoire des insupportables enfants de Zeus qui, par leur vacarme, troublent la tranquillité des dieux, elle est humoristique de bout en bout ; ce qui ne l’empêche pas de faire preuve d’un véritable sens de l’observation.

En effet, même si ces récits sont purement imaginaires, ils révèlent cependant une part de réalité : Luna cueille des baies dans la forêt pour nourrir ses frères et sœurs et demande à Zeus, avant qu’il ne la quitte, de donner un travail à son père au chômage. Et la violente dispute qui éclate entre Hermès et le roi des dieux sonne juste, comme si le jeune auteur avait enregistré une querelle en famille.



Le thème de la métamorphose est particulièrement riche : il éveille des échos chez les adolescents, qui bientôt devront aborder la vie des adultes, et cette perspective et les transformations qu’elle suppose ne vont pas sans angoisse. Ce qui frappe dans les textes des élèves, c’est que les métamorphoses qu’ils décrivent par le menu se font presque toujours dans la souffrance.

Mais la métamorphose permet aussi de s’évader dans l’imaginaire et d’exprimer les rêves les plus fous : quand on veut devenir « le plus puissant des pêcheurs », quoi de mieux que de se transformer en « un superbe requin blanc, l’animal le plus terrifiant des océans » ? 

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Comme les années précédentes, les élèves des Provinces se sont bien divertis, tout en acquérant des connaissances dans des domaines variés- et pas seulement celui de la mythologie ! Ils ont travaillé avec zèle sous la direction de Mme Lepercq, de M. Chevalier et de moi-même. Mme Demortier les a aidés à illustrer leurs récits et M. Verlynde leur a montré comment l’on pouvait les transformer en utilisant un support numérique.

Il est certain que, dans l’Olympe, dieux et déesses les approuvent et s’en réjouissent.



Françoise Rachmuhl.